Parcours de vie

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11 février 1937
Naissance aux Antilles

Maryse Lyliane Apolline naît à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe (France), sous le nom de Boucolon. Son père est un commerçant qui crée en 1915 la Caisse coopérative des prêts, qui deviendra, quarante plus tard, la Banque antillaise. Sa mère, fille de cuisinière, est institutrice.

11 février 1937
Naissance aux Antilles

1953
Départ pour la France hexagonale

Maryse Condé part étudier au lycée Fénelon à Paris, elle a seize ans. Elle y découvre le racisme et commence à comprendre les réalités antillaises. Elle fréquente, à l’université de la Sorbonne où elle étudie les lettres classiques puis l’anglais, différentes personnalités qui éveillent sa conscience et ses analyses politiques sur la colonisation, son identité créole, l’esclavage… autant de réalités que ses parents s’étaient attachés à occulter.

En 1955, elle est enceinte de son fils, Denis Boucolon. Le père, Jean Dominique, est un activiste Haïtien. Il l’abandonne alors qu’il vient d’apprendre sa grossesse, et quitte Paris pour son île natale, Haïti, où il mènera des combats politiques qui le conduiront plusieurs fois à l’exil. Il y meurt assassiné en 2000. Maryse Condé interprétera cet abandon comme le signe du mépris pour sa couleur noire, d’un homme métis à la peau claire,

qui plus ou moins consciemment, «s’érigeait alors en caste privilégiée». Sa mère meurt peu après la naissance de sa fille. Sa vie est un enfer, entre longue maladie, difficultés matérielles et une famille qui ne lui apporte aucun secours.

1953
Départ pour la France hexagonale

1958
Premier mariage

Elle fait la rencontre, à Paris, du comédien guinéen Mamadou Condé, avec lequel elle se marie rapidement. Ils auront trois enfants. Ce mariage, ponctué de séparations et peu soudé par l’amour et le désir, ne sera pas très heureux. Cependant, malgré un divorce et un deuxième mariage avec Richard Philcox en 1981, elle conserve, jusqu’à aujourd’hui, le nom de Condé. Elle découvre le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire.

Le discours sur le colonialisme
Dans une perspective communiste, Césaire critique la position de la classe bourgeoise qu'il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans le mal qu'elle commet au travers du système économique capitaliste. Il estime également que la colonisation, loin d'une «œuvre civilisatrice», a au contraire décivilisé les colonisateurs.

1958
Premier mariage

1959-1970
Période africaine

Elle part, seule avec son fils, enceinte, en Côte d’Ivoire en 1959 pour enseigner à Bingerville, où naît sa fille Sylvie-Anne. Dans La vie sans fards, elle déclare : « Je tenterai plutôt de cerner la place considérable qu’a occupée l’Afrique dans mon existence et dans mon imaginaire. Qu’est-ce que j’y cherchais ? Je ne le sais toujours pas avec exactitude.» En 1960, elle retrouve son époux à Conakry, où elle retrouve un poste dans un collège de filles.

Elle y restera quatre ans, aura deux autres enfants en 1961 et 1963, et adopte la nationalité guinéenne. Son désir d’Afrique se heurte à un sentiment persistant « d’étrangeté », qu’elle perçoit dans le regard des Africains qui ne la reconnaissent pas comme des leurs. La conscience que ses ancêtres aient pu être « vendus » par des Africains participant à la traite, attise son trouble identitaire.

A la fin de l’année 1963, elle part pour le Ghana, pensant y trouver un achèvement marxiste en accord avec ses convictions récemment forgées. Terre du panafricanisme de Nkrumah, intellectuels et militants afro-américains y convergent en nombre, en pleines luttes anticoloniales, à l’aube des indépendances. Elle y vit avec ses quatre enfants jusqu’en 1966.

En 1966 elle doit quitter le Ghana qui l’expulse. Elle part à Londres où elle travaillera au service Afrique de la BBC, avant de rentrer au Ghana deux ans plus tard. Elle n’y reste que peu de temps et rejoint rapidement le Sénégal, où elle enchaîne un poste de traductrice à l’IDEP (Institut de développement économique et de planification), puis d’enseignante au lycée Gaston Berger (renommé Valdiodio Ndiayede en 1984).

C’est au Sénégal qu’elle rencontre un professeur d’anglais britannique, Richard Philcox, qui devient son conjoint, puis son second époux en 1981. Le constat que sa quête africaine était vouée à l’échec l’amène à quitter le Continent définitivement en 1970.

1959-1970
Période africaine

1970
Retour en France hexagonale

Son expérience africaine, une ligne brisée à maintes reprises, la décourage quelque peu. Elle revient en France où elle démarre une carrière journalistique à « Présence Africaine » (revue panafricaine fondée par Alioune Diop en 1947). Elle collabore également avec l’hebdomadaire, Demain l’Afrique, financé par le ministère français de la coopération, ce qui lui vaudra quelques commentaires acerbes.

Si le talent qu’on lui reconnait attise son désir d’écriture, elle n’ose encore se lancer dans le récit romanesque, et s’essaie au théâtre, avec les productions successives de Dieu nous l’a donné en 1972, puis de La mort d’Oluwéni d’Ajumako en 1973.

La mort d’Oluwémi d’Ajumako,
Dans La mort d’Oluwémi d’Ajumako, pièce en quatre actes, Oluwémi dirige son peuple d’une main d’airain et refuse de jouer le jeu de l’administration politique en place.

Elle reprend ses études universitaires et soutient une thèse en 1976 (Stéréotype du Noir dans la littérature antillaise Guadeloupe – Martinique). Elle enseigne la littérature francophone dans diverses universités parisiennes et publie son premier roman. Bien que séparée de Mamadou Condé depuis plus de dix ans, elle n’obtient le divorce qu’en 1981. Elle se marie alors avec son compagnon Richard Philcox et fait plusieurs voyages aux Etats-Unis. Son époux sera aussi son traducteur en anglais :

« Nous nous sommes rencontrés bien avant la carrière d’écrivain de Maryse, donc ma traduction de son roman «Heremakhonon» était plutôt un labeur d’amour. J’ai rencontré la femme bien avant d’avoir rencontré l’écrivain. Étant de langue anglaise, il était normal que je souhaite que son œuvre atteigne un public anglophone », déclarera-t-il plusieurs années plus tard.

1970
Retour en France
hexagonale

1984-1985
Parution de Ségou

Ségou est un roman en deux tomes. Après deux pièces de théâtre, divers essais et deux romans, Ségou constitue l’un des piliers de l’œuvre de Maryse Condé (à ce sujet, on consultera utilement l’ouvrage Soundjata ou l’épopée mandingue, du Pr Djibril Tamsir Niane).

Ségou, 01. Les murailles de terre
A la fin du XVIIIe siècle, entre Bamako et Tombouctou, Ségou est un royaume florissant ;

les Bambaras, polythéistes et animistes, forment un peuple invincible. Mais le temps des malheurs va commencer. La famille de Dousika Traoré sera la plus touchée.

Ségou, 02. La terre en miettes
Pris dans la tourmente des évènements, écartelés entre plusieurs croyances, les descendants de Dousika Traoré traversent des épreuves effroyables,

mais y puisent la force d’accomplir des exploits merveilleux, même si leur sang doit rougir à jamais la terre de leurs ancêtres. Dans cette même veine, suit en 1986, Moi, Tituba sorcière… noire de Salem, qui obtient le Grand Prix littéraire de la Femme : Prix Alain-Boucheron, en 1987.
Fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts.

Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692.
Ces deux romans, piliers de son œuvre romanesque, sont fondés sur des faits réels. A ce titre, ils incarnent l’une de ses veines d’écriture mêlant histoire et fiction.

1984-1985
Parution de Ségou

1985-1989
Retour en Guadeloupe

Le succès de Ségou lui permet d’acheter une maison à Petit Bourg, l’un des lieux de son enfance. Elle publie d’autres romans fondateurs de son œuvre mais peine à s’implanter professionnellement en Guadeloupe. Quatre ans plus tard, déçue, elle part enseigner les littératures francophones à l’Université de Berkeley en Californie où elle est invitée.

1985-1989
Retour en Guadeloupe

1990-2005
Carrière universitaire aux Etats-Unis

A partir de 1990, sa carrière prend forme aux USA. Après Berkeley, elle est invitée par les Universités de Virginie, Maryland et Harvard. En 1995, elle rejoint l’Université de Columbia (New York), où elle fonde et préside le Centre d’Etudes francophones. En 2005, elle prend sa retraite universitaire et devient Professeure Émérite de l’Université de Columbia. Au cours de cette période américaine, Maryse Condé publie de nombreux ouvrages, dont La migration des cœurs.

1990-2005
Carrière universitaire aux Etats-Unis

2004
Comité pour la mémoire
de l’esclavage

En 2004, est créé en France le Comité pour la mémoire de l’esclavage dont elle devient la première présidente. En 2006, sur sa proposition, le Président français Jacques Chirac fait du 10 mai la «Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions».
Il faut préciser que le 10 mai 2001, la Loi Taubira reconnaît comme crime contre l’humanité,

les traites et les esclavages pratiqués à partir du XVème siècle sur les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes. La Loi prévoit la création d’un «Comité pour la mémoire de l’esclavage» qui doit, entre autres, proposer une journée nationale de commémoration. Fin 2019, il est remplacé par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

2004
Comité pour la mémoire
de l’esclavage

2007
Départ de la Guadeloupe

En 2007, elle quitte définitivement la Guadeloupe et sa résidence de Montebello, à Petit-Bourg pour s’installer dans le sud de la France hexagonale, à Gordes. Ernest Pépin écrit, à propos de ses liens avec Maryse Condé : «On connaît les amitiés d’écrivains. Elles sont des amitiés de hérissons. Trop proches, ils se piquent. Trop éloignés, ils ont froid. J’ai déjà froid, Maryse, à l’idée de savoir que tu t’en iras,

nous privant de ce rire derrière lequel tu caches souvent ton besoin des autres, de tes commentaires critiques sur le pays qui sont la mesure même de ton amour pour la Guadeloupe, de ce contact franc qui devient d’autant plus cher qu’il s’éloigne. Nous avons froid et la véranda de Montebello a froid aussi ». Pendant un temps, elle partage sa vie entre Paris et Gordes, où elle s’installe définitivement avec son mari en 2016.

2007
Départ de la Guadeloupe

2013
Prix spécial de la Francophonie

Maryse Condé reçoit le 20 mars 2013, le Prix spécial de la Francophonie pour sa contribution au rayonnement de la Francophonie à travers l’ensemble de son œuvre.

2013
Prix spécial de
la Francophonie

2018
Prix Nobel alternatif

En 2018, dans le sillage de la vague #metoo, l’Académie suédoise des Nobel se trouve au cœur d’un scandale, suite à la condamnation du mari de l’une de ses membres. Elle décide alors de ne pas attribuer le prix de littérature car elle souhaite «se donner du temps pour restaurer la confiance avant la désignation du prochain lauréat».

Une centaine d’intellectuels suédois se réunissent au sein d’une «Nouvelle académie» et décident alors d’attribuer un prix «alternatif». Environ 35000 personnes prennent part au vote et décernent le «Prix Nobel alternatif» à Maryse Condé. Le Prix Nobel historique, créé en 1901, est rétabli l’année suivante. Rappelons qu’il récompense un auteur ou une autrice dont l’œuvre «fait la preuve d’un puissant idéal» et «rend de grands services à l’humanité».

2018
Prix Nobel alternatif

2012
Parution de La vie sans fards

La vie sans fards
L'auteure évoque son parcours, de Paris à Londres en passant par la Guinée et le Ghana, loin des mythes et des idéalisations. Elle porte une réflexion sur le métier d'écrivain ainsi que sur sa vie de femme et de mère. D’une certaine façon, ce récit autobiographique s’inscrit dans la tension entre histoire et fiction,

dans le sens où Maryse Condé s’astreint à un devoir de vérité plutôt que de mémoire, exprimé dans le style d’une narration fictionnelle. Elle raconte sans fards sa plongée dans le continent africain, dont, d’une certaine façon, les deux parenthèses sont symbolisées par sa rencontre et sa séparation avec le Guinéen Mamadou Condé.

2012
Parution de La vie sans fards

2021
Parution de L'évangile du nouveau monde

Ce roman est le dernier qu’elle a publié, à l’heure de la publication de Dans l’univers de … Maryse Condé, au début de l’année 2023.
L'évangile du nouveau monde
Le soir d'un dimanche de Pâques, un homme et son épouse découvrent un nouveau-né dans leur jardin. La beauté de l'enfant, prénommé Pascal, attise la curiosité. Une rumeur se répand alors laissant croire qu'il serait le fils d'un dieu. Une fois adulte, Pascal part en quête de ses origines pour comprendre le sens de sa mission.

2021
Parution de L'évangile du
nouveau monde
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